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Les inégalités scolaires au prisme du capital culturel de Pierre Bourdieu

Par Ralph Zakhour


Comment les inégalités scolaires sont construites au regard de la sociologie de l'éducation ?

L’intérêt de la sociologie pour les inégalités scolaires est un sujet qui ne cesse de se développer. Certains dominants en sociologie de l’éducation au 20e siècle sont toujours utilisés aujourd’hui pour démontrer l’impact du monde social sur les parcours scolaires dès la maternelle. En effet, le capital culturel est un concept central développé par Pierre Bourdieu pour rendre compte des inégalités scolaires. Bien que sa théorie soit critiquée aujourd’hui en raison de son déterminisme et de son simplisme, les bases de celle-ci sont, encore aujourd’hui, très pertinentes.


Pierre Bourdieu a démontré le fait que la culture est une ressource rare comme l’argent. Il énonce le fait que la culture est répartie inégalement dans le monde social. Ainsi, bien que la culture soit immatérielle, elle contribue à la reproduction des inégalités sociales (Journet, 2002). Dès le plus jeune âge, les enfants sont socialisés dans un monde social qui diffère. Certains enfants vont donc intérioriser un capital culturel plus légitime contrairement à d’autres enfants par les processus éducatifs que vont mettre en place les parents. En d’autres mots, selon Bourdieu, un enfant qui habite dans un milieu populaire avec des parents qui possèdent des emplois plus précaires et donc qui ne possèdent pas un capital culturel élevé vont, par conséquence, participer à la réduction des aspirations scolaires de l’enfant, car il n’aura pas intériorisé les normes de l’école.


En effet, « Les normes culturelles véhiculées par l’école, sous l’apparence de la neutralité (écrire correctement, être discipliné…), de par leur proximité à la culture légitime, ont pour effet d’imposer une domination culturelle à l’égard des catégories populaires » (Riutort, 2013). Cette domination culturelle va avantager certains élèves, car c’est la culture élitiste qui est valorisée à l’école. Ainsi, les enfants provenant des familles les plus élevées socialement seront plus outillés pour réussir que les autres en raison du capital culturel plus élevé que les milieux populaires.


La théorie bourdieusienne, comme énoncé plus haut, a été critiquée en raison de sa simplicité et de son déterminisme par plusieurs chercheurs en sciences sociales. La sociologue Marie Duru-Bellat montre le certain fatalisme que peut avoir la théorie de Bourdieu. Pour elle, « la théorie de la reproduction a « stérilisé » l’analyse du système scolaire « par une vision déterministe des comportements, où les « agents » sont écrasés sous la logique du fonctionnement du système, où les notions de stratégie, d’objectifs, de volonté n’ont pas de sens » » (Duru-Bellat dans Ferrand, 2003 : 219).


Selon moi, l’interdisciplinarité est donc pertinente pour rendre compte des inégalités scolaires, car montrer que la transmission d’un capital culture influence les aspirations des étudiants n’est pas suffisant. Les questions de motivations, de psychique et de tempérament, abordés d’ailleurs en psychologie, peuvent également contribuer aux pistes d’explications des inégalités scolaires pour éviter de simplifier et de « fatalisé » le sujet.


Bibliographie

FERRAND, Michèle. « Marie Duru-Bellat : Les inégalités sociales à l’école, genèse et mythes », dans MOUVEMENT LU, Mouvement lu, vol. 3, no 27-28, 2003, p. 219-221. https://doi.org/10.3917/mouv.027.0219


Journet, N. (2002). La culture comme capital. Dans : Nicolas Journet éd., La culture: De l'universel au particulier (pp. 249-256). Auxerre: Éditions Sciences Humaines. https://doi.org/10.3917/sh.journ.2002.01.0249


Riutort, P. (2013). La culture: Comprendre ce qui nous fait agir. Dans : , P. Riutort, Premières leçons de sociologie (pp. 51-62). Paris cedex 14: Presses Universitaires de France. https://www.cairn.info/premieres-lecons-de-sociologie--9782130620396-page-51.htm

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